L'autre front 1914-1918

 Pendant la grande guerre, les femmes remplacent les hommes au sein de l’industrie d’armement et ailleurs. Ouvrières dans les fabriques d’obus, conductrices de tramway, factrices … Mais à leur retour les rescapés reprennent leur place, les femmes sont renvoyées dans les foyers, au sein des familles. L’incompréhension grandit, nombre de drames se nouent. Mais la contribution majeure des femmes pendant la guerre marque à jamais les esprits et augure leur future conquête de la sphère professionnelle.

 Quand éclate la guerre de 1914-1918, les femmes vivent encore sous l’autorité masculine. En France, le code Napoléonien est toujours en vigueur. Certes, les suffragettes revendiquent le droit de vote ; certes, Marie Curie est la première femme à avoir reçu, avec son époux, le prix Nobel de physique ; certes, le travail des femmes est limité à dix heures par jour et elles bénéficient d’un congé de maternité de huit semaines non rémunéré ; certes, les institutrices perçoivent le même salaire que les instituteurs. Mais il ne s’agit que d’exceptions et les inégalités sont toujours très présentes. Quand le conflit devient inéluctable, même les femmes les plus engagées pour la conquête des droits, les militantes pacifistes, mettent en sourdine leurs revendications et se rallient à l’Union sacrée. Marguerite Durand lance un appel dans le journal La Fronde : « Femmes votre pays a besoin de vous, soyons dignes d’être françaises. »

Gardiennes des campagnes :

 La guerre éclate le 2 août 1914. En deux semaines près de 3 millions de français quittent leur foyer. La France, pays alors majoritairement rural, est en pleine moisson. Le président du conseil, René Viviani delandes aux paysannes de remplacer les 1,5 millions de travailleurs qui viennent de quitter les fermes. Les femmes deviennent les gardiennes des campagnes. Le travail est pénible. Du front, les hommes envoient des conseils par lettre, s'inquiétant du sort de leurs épousent. La séparation est complète et d'autant plus angoissante que sur le champ de bataille, la guerre s'enlise. Celle que les généraux imaginaient rapide va bientôt devenir totale. En septembre, quatre semaines après le début de la guerre, la France a perdu ses département du Nord et de l'Est, riches en ressources agricoles et en charbon. Dix mois plus tard, 3 millions d'hommes supplémentaires sont envoyés dans les tranchées. 

 Femmes travaillant au champs

Les femmes à l'usine

 Dans les villes, le départ des soldats conduit de nombreuses familles à la misère. Contrairement à ce que l'on a pu croire, les femmes ne sont pas entrées sur le marché du travail avec la Grande Guerre. Déja en 1906 elles repraisentaient 37% de la population active. Mais quand le conflit éclate, de nombreuses usines d'habillement et de l'industrie du luxe ferment, leurs dirigeants étant réquisitionnés au front. Dans les premiers mois, le chômage des femmes augmentent considérablement. Nombre de femmes sont à court d'argent pour survivre. Dès lors que la guerre s'installe dans le temps, les Alliés font appel aux étrangers et aux travailleurs des colonies pour remplacer les hommes dans les usines d'armement. Mais, dès 1915, cette main d'oeuvre n'est plus suffisante, les femmes et les enfants sont alors appelés en renfort. La mobilisation des ouvrières débutes fin 1915. Le Comité du travail féminin voit le jour en avril 1916. Il a pour but de recruter et d'acheminer des femmes de toute la France vers les industrices de l'armement. Sans revenus financiers, les anciennes ouvrières au chômage se reconvertissent. Tandis que la dureté de la vie dans les campagnes et les travaux des champs incitent certaines paysannes délaissées à venir travailler dans les usines d'armement, pensant y trouver le bonheur. En réalité le travail à la chaîne et dans l'industrie chimique et l'armement est pénible. En effet, les machines n'ont pas été conçues pour les femmesn ni pour leur taille, ni pour leur force physique. Le travail doit se faire rapidement, dis heures durant, sept jours sur sept. Les munitionnettes

 La contribution des femmes à la guerre est considérable. Alors qu'en août 1914 la France produit chaque 50 000 obus de tous calibres, en juillet 1918, la production quotidienne s'établit à 250 000. Au début de 1918, à l'apogée de la mobilisation féminine, les 400 000 "munitionnettes" ont fabriqué plus de 300 millions d'obus et 6 milliards de voitures. Le maréchal Joffre résume d'un trait le rôle des ces munitionnettes dans l'effort de guerre : "Si les femmes qui travaillent dans les usines s'arrêtaient vingt minutes, les Alliés perdraient la guerre."

Un boulversement irréversible

 L'autre front des femmes ne s'arrête pas aux usines. Les femmes conduisent les tramways, poinçonnent les tickets de métro, entretiennent les voies de chemin de fer. Douze mille institutrices enseignent sans distinction aux filles et aux garçons. Pour préparer à ces nouveaux métiers, des écoles jusqu'alors réservées à la gent masculine s'ouvrent au deuxième sexe. Le boulversement des codes de la société ensemble irréversible. A la fin de la guerre, en dix-huit mois, 5 millions de soldats reviennent des tranchées. Les hommes étant de retour, la société veut que les femmes rentrent au foyer. Après quatre ans d'abscence, l'incompréhension entre les survivants et les femmes est souvent dramatique. Les chiffres du divorce explosent. Au fil des mois, à l'arrière, les femmes ont découvert l'indépendeance financière et leur utilité au sein du monde du travail. Dans les campagnes les hommes retrouvent plus facilement leur place, les modes d'exploitations n'ont pas changé ; les couples travaillent en commun à l'exploitation des terres. Dans les usines il n'en va pas de même : les usages et les techniques ont évolué, on doute de la capacité des hommes. Six cent trente mille veuves sont devenues chef de famille. Désormais, certaines femmes n'hésitent pas à vivre en célibataire, adoptant un mode de vie jusqu'alors masculin. Cette nouvelle de la femme va rencontrer toutes les peines du monde à s'imposer dans la société d'après-guerre. Par deux fois, en 1922 et 1932, les sénateurs français, contrairement aux anglais, vont rejeter le droit de vote des femmes. Ce n'est que partie remise. La déflagration qu'a produite la Grande Guerre sur les femmes et les hommes va se faire ressentir tout au long du XXème sicèle. Il y a un avant et un après 1914-1918. 

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