"Il y a plus inconnu que le soldat inconnu, sa femme..." C'est par ces mots que le mouvement de libération des femmes fait son premier coup d'éclat, le 26 août 1970. Tout au long de la décennie, sous la bannière du MLF, les femmes défilent et interpellent les politiques et tous les hommes à grand renfort de slogans.
Antoinette Fouque :
Adulée par les unes, détestée par les autres, cette militante n'a cesse de défendre les couleurs des femmes, dans l'édition notamment.
Antoinette Fouque
Antoinette Fouque est née en 1936. Elle est psychanaliste de formation et très tôt, elle défend l'idée que la femme n'est pas un homme inachevé et réfute le concept freudien selon lequel le comportement des femmes serait dicté par "le désir de pénis". Elle exposera sa thèse dans son premier livre, intitulé Il y a deux sexes : essai de féminologie. Dans la mouvance de Mai 68, aux côtés de Monique Wittig, romancière et théoricienne féministe, Antoinette Fouque initie ce qu'elle considérera comme la réunion à l'origine du MLF, zn 1968, sous le nom "Physchanalyse et politique." En 1979, elle enregistre une association loi de 1901 sous le nom de MLF et dépose le nom et le sigle à l'INPI, dans le but de protéger le mouvement en perte de vitesse. Signataire du Manifeste des 343, Antoinette Fouque a lancé en 1974 les éditions Des femmes.
Le MLF :
Né de discussions informelles. Le mouvement de libération des femmes se fait connaître par ses actions et marque les esprits par ses formules chocs.
Antoinette Fouque ne peut pas incarner à elle seule le Mouvement de libération des femmes qui, de la fin des années 1960 à la fin des années 1970, a conduit des milliers de femmes à descendre dans les rues, et a orchestrer des happenings pour revendiquer le droit de disposer de leurs corps, d'avoir accès à l'avortement, d'être libres et de pouvoir enfin être considérées comme les égales des hommes. Le mouvement était multiple, libertaire, refusant toute structuration. Sans carte, sans bureau d'élues et encore moins de représentantes officielles, le MLF se voulait à la base un lieu de discussions informelles. Ses actions s'inscrivent dans le cheminement des manifestations du Women's Lib américain, qui réunit aux Etats-Unis toutes les femmes qui contestent le sexisme ambiant et réclament une véritable égalité dans les faits. Les femmes du MLF axent leur combat sur l'oppression des femmes, qui perdure au nom d'une culture patriarcale. Le mouvement puise son inspiration dans les récits de Simone de Beauvoir. Le Deuxième sexe fait figure de référence de la littérature féministe, avec Une Chambre à soi de Virginia Woolf, Ainsi soient-elles de Benoîte Groult et Du Côté des petites filles de la pédagogue italienne Elena Gianini Belotti.
Le 26 août 1970, le mouvement produit le premier coup déclat de cette nouvelle génération de féministes. Ce jour-là, elles sont neuf à se rendre sour l'Arc de triomphe pour déposer sur la tomber du Soldat inconnu un bouquet de fleur stipulant : "Il y a plus inconnu que le Soldat inconnu : sa femme." Les forces de l'ordre interviennent immédiatement pour disperser la manifestation. Mais le jour même, sur toutes les radios et télévisions, l'action est diffusée dans les foyers français. Le MLF vient de montrer l'une de ses plus grandes forces : ses slogans. "Un homme sur deux est une femme", "Notre corps nous appartient", "Je ne suis pas un canapé, je ne suis pas convertible", "Femmes et chiens même combat, ne plus être sifflée dans la rue", "Travailleurs du monde entier, qui lavent vos chaussettes?"... Toute une génération va se retrouver sous les banderoles du MLF.
Manifestation du MLF