Le Droit de vote des femmes

 24 avril 1944

  Il y a soixante-dix ans, sous l'impulsion du général De Gaulle et du délégué communiste Fernand Grenier, les femmes obtiennent pour la premère fois le droit de vote en France. Il aura fallu un siècle pour que le suffrage devienne vraiment universel. 

Hubertine Auclert : le suffrage des femmes :

  Premère suffragiste française, Hubertine Auclert, née le 10 avril 1848, marque son époque par ses position pionnères et ses méthodes radicales. En 1870 la proclamation de la République l'enthousiasme et va à Paris pour défendre "la liberté de son sexe". En 1876 elle crée un groupe féministe, le Droit des femmes, qui devient le Suffrage des femmes en 1883. Mais elle peine à convaincre les féministes plus modérées. En 1881 elle crée son propore journal, La Citoyenne, qui diffuse ses conceptions féministes et ses audacieuses propositions, telles que la grève de l'impôt ("qui ne vote pas ne paie pas"). Isolée, cherchant partout des tribunes, Hubertine Auclert publie pendant quelques mois de 1894 dans La Libre Parole de l'antisémite Edouard Drumont. Elle doit attendre le début du XXème siècle pour sentir le mouvement féministe bouger sur la question des droits politiques. Alors que l'Union française pour le suffrage des femmes se forme, Hubertine Auclert demeure une adepte des méthodes radicales et médiatiques, brisant une urne à l'occasion des élections municipales de 1910. Elle reste une militante active jusqu'à sa mort, à Paris, le 4 août 1914. 

Hubertine Auclert

 

 

 

 

 

 

 

hubertine Auclert

 
Sur la voie d'un vrai suffrage universel :

 La route vers l'accès des femmes aux urnes est longue est difficile. C'est finalement leur rôle pendant la Seconde Guerre Mondiale qui a raison des dernières réticences

Entre le suffrage universel accordé aux hommes en 1848 et le droit de vote des femmes, en 1944, il a fallu près d'un siècle pour qu'en France la citoyenne devienne légale d'un citoyen. Longtemps les politiques français ont rechigné à reconnaître cette possibilité pour des rasions mysogynes, préférant cantonner les femmes au rôle d'épouses et de mères, mais aussi par crainte d'une trop grande influence de l'Eglise sur l'esprit féminin. La conquête du suffrage des femmes a nécéssité des années de combat. 

Un long cheminement :

 Sous l'Ancien Régime seules les veuves dotées d'un fief et les abesse peuvent exprimer leur voix aux Etats Généraux. La pensée des Lumières le principe de "liberté, égalité, fraternité" ; pourtant les femmes n'y sont pas encore associées. En 1793, dans la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouge appelle les mères, les filles, les soeurs, toutes représentantes de la nation, à se constituer en assemblée nationale et à se faire respecter de tous les partis. En 1848, alors que les hommes obtiennent le suffrage dit "universel", Eugénie Niboyet crée le journal de La Voix des femmes et écrit : « Quand le moins intelligent des hommes à le droit devote, la plus intelligente des citoyennes est encore privée de cedroit (...) A son tour et pour être apte à comprendre ses devoirs, la femmeréclame par de nouvelles lois la prise de possession de ses droits politiques,l'élection et le vote, en fait. » L'année suivante, lorsque jeanne Deroinse présente aux élections législatives, la presse tourne sa candidature endérision.

En 1868, elles sont une vingtaine à signer un manifeste dans L'Opinion nationale pour réclamer le droit de vote. En cette fin du XIXème siècle, Hubertine Auclert, Maria Martin et Marguerite Durand, trois militantes convaincues, relaient les revendications
féministes en lançant les journaux La Citoyenne, Le Journal des femmes, et La Fronde.

Les premiers pas législatifs :

 En 1901, la première proposition de loi accordant le droit de vote aux femmes, présentée par le député jean-Fernand Gautret est rejetée. En 1907, la loi reconnaît à la femme mariée la libre disposition de son salaire et les femmes obtiennent le droit de voter et d'être éligibles aux conseils des prud'hommes. C'est un premier pas vers les urnes. En 1909, la toute nouvelle Union française pour le suffrage des femmes (UFSF) joue la carte modérée et revendique le droit de vote aux élections municipales. En avril 1914, lors du premier plébiscite, organisé par les suffragistes, plus de 500 000 françaises réclament le droit de vote. Mais à
l'approche de la 1ère Guerre mondiale, en juillet, elles ne sont que 6000 à descendre dans les rues. Il faut attendre l'après guerre en 1922, pour que la Chambre des députés défende une proposition  de loi sur le vote des femmes ; le Sénat s'y oppose par 156 voix contre 134 et refuse d'examiner  les articles. En 1925 la législation fait une petite avancée. Par 389 voix contre 140, une proposition de loi adoptée par les députés instaure le vote des femmes lors des élections municipales et cantonales.

Quand Louise Weiss s'engage dans le combat féministe, elle le fait avec la conviction que les femmes sont en mesure de s'opposer à un prochain conflit entre l'Allemagne et la France. Elle fonde en 1934 La Femme nouvelle, association pour l'égalité des droits civiques, et multiplie pendant deux ans les actions spectaculaires. Comme le lâcher de ballons rouges lestés de tracts
lors de la finale de la Coupe de France de football. Le 2 juin 1936, les militantes vont jusqu'à offrir des chaussettes aux sénateurs sous une banderole qui indique « Même si vous nous donnez le droit de vote, vos chaussettes seront raccommodées ». Mais Léon Blum tente d'amadouer Louise Weiss en lui offrant un poste ministériel, celle-ci lui répond sans ménagement « J'ai
lutté pour être élue, pas pour être nommée. » Redoutant l'influence cléricale sur le vote des femmes, le président du Conseil réussi tout de même à convaincre trois femmes d'entrer au gouvernement en tant que sous-secrétaires d'Etat : Cécile Brunschivg, présidente de l'UFSF, à l'éducation nationale, Suzane Lacore à la santé publique, et Irène Joliot-Curie à la recherche scientifique. Le 30 juillet 1936, par 495 voix contre 0, la Chambre des députés se prononce pour la sixième et dernière fois pour le vote des femmes, le gouvernement s'abstient. Le Sénat n'inscrira jamais ce texte à son ordre du jour.

L'ordonnance du 21 avril 1944 :

 L'entrée dans la Seconde Guerre mondiale renvoie la question du droit de vote à plus tard. Sous le Régime de Vichy, les femmes sont priées de s'en tenir à leur rôle de femme au foyer. La Résistance au contraire est parfaitement consciente de l'implication des femmes dans le combat contre l'occupant. Elles aussi prennent de grands risques pour libérer la France du nazisme. Sous
l'impulsion de De Gaulle, dès 1942, le mouvement prend fait et cause pour que les femmes accèdent au même titre que les hommes au suffrage universel. En 1944, installée à Alger, l'assemblée consultative entame les débats sur la future organisation des pouvoirs publics et soulève la question de vote des femmes. Le délégué communiste Fernand Grenier, se référant aux déclarations du général de Gaulle, souhaite que l'Assemblée s'engage pour ce droit. Il déclare : "La femme de France doit avoir le droit et le devoir de s'occuper de la chose publique. Il se rait même de mon désir que l'assemblée affirmât que la femme française est électrice et éligiblen afin que nous lui manifestions notre solidarité et notre volonté de ne plus la traiter en mineure et en infférieure." Le 24 mars, malgrès les tensions, Fernand Grenier fait voter l'amendement qui stipule : "Les femmes seront électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes." L'ordonnance du 21 avril 1944 instaure officiellement le suffrage universel des femmes par le gouvernement provisoire du général de Gaulle. Les Françaises votent pour la première fois le 29 avril 1945, aux élections municipales, et le 21 octobre 1945, aux legislatives, leur premier scrutin national.

Elections législatives du 21 octobre 1945

 Le 16 octobre 1946, le préambule de la Constitution inscrit dans les principes fondamentaux de la République la mention suivante : "La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'hommes." 

 

 

 

 

 

 

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